Comme un air de renouveau

Mon blog adoré prend la poussière depuis quelques années.

J’avais toujours résolu de ne jamais me mettre la pression pour le mettre à jour, ni maintenant, ni il y a dix ans. Sur internet comme dans la vraie vie je reste convaincue qu’il y a nombre de tâches qu’il ne faut garder que pour le plaisir: si on s’amuse tant mieux, si on ne s’amuse plus, on pose le crayon et on passe à autre chose.

C’est un peu grâce à cela que j’ai écrit si longtemps et si régulièrement ici, sur le Blog d’Agou (j’ai beau y faire, je reviens toujours à ce premier nom – c’est signe qu’il me convient bien, finalement). Je ne me suis jamais mise la pression pour un lectorat (on dit communauté maintenant), je publie un peu tant mieux, je ne publie pas tant pis.

Mais il y a des moments où il faut savoir repartir de zéro. Prendre un nouveau départ, se lancer, redémarrer. J’ai souvent dit ici ou ailleurs que j’ai ressenti les précédentes années comme compliquées. Litote. Bien sûr je n’en regrette aucune, car en prenant les points positifs (et ils furent nombreux), j’y vois petit à petit une belle progression personnelle. On en reparlera.

Ce blog m’a souvent servi de pierre témoin, c’est resté un journal intime ouvert vers l’extérieur, l’ »extime » comme on disait au début, quand c’était encore tendance, quand on cherchait un mot pour définir des blogs, ce truc nouveau qui devient maintenant quelque chose de profondément has been, daté. Je vais garder un peu ça, bien sûr, mais je me disais qu’il était temps d’ouvrir cela vers d’autres horizons.

Parler de moi, bien sûr, de manière décousue, informelle, selon l’humeur du jour. Mais aussi partager un peu plus mes réalisations pro, partager aussi mes procédés de travail, partager aussi, j’y tiens, mes lectures, mes écoutes de podcasts, mes découvertes. Je m’inspire quelque part un peu de Titiou Lecoq avec sa newsletter sur Slate, ou de Hellgy avec ses réalisation trimestrielles. Une manière de ré-enchanter le blog, sans doute.

Et pour le renouveau? Après 14 ans en Auvergne me voilà devenue alsacienne par la force des choses (et par amour, surtout) depuis l’année dernière. Un reset un peu plus dur que prévu, on pense qu’on a l’habitude d’être un peu déracinée, et puis finalement non, pas tant que ça. Là aussi, on y reviendra. Mais cela reste une belle occasion de se pousser à faire des choses nouvelles, même avec de l’ancien. Produire du contenu, partager mes découvertes, faire du lien: comme d’habitude je reprends les anciennes recettes, mais en reprenant un peu de zéro.

NdA: Certains ici me suivent grâce à l’abonnement WordPress – ne changez rien! – mais je réfléchis à porter les nouveaux articles de blog sur Substack ou tout autre solution d’envoi de newsletter. Des news à la prochaine mise à jour.

Les belles balades

Castellane

Un peu pris de court pour organiser des vacances – et aussi de mon côté énormément prise de court par les problèmes d’argent – mon compagnon et moi nous sommes rabattus sur une idée bis qui s’est avérée être une trèèèès bonne idée: passer 2 semaines en avril dans le Var, à Toulon bien sûr, et puis pour rayonner dans les quelques villages alentours, puis passer une ou deux nuit à Marseille (que je connais finalement de manière très superficielle).

Mais le coup de cœur ultime fut de trouver ce gîte sur les hauteurs de Castellane, aux portes des gorges du Verdon. Finalement pas de canyoning ou de rafting comme espéré – l’eau est basse, il n’y a pas eu de lâcher de barrage – mais un gîte au départ de plusieurs sentiers de randonnée.

Cela nous a fait sept jours de bonheur, à une période idéale – pas encore de grosses chaleurs, encore très peu de touristes dans les villages ou sur les routes. On a marché, on s’est perdus, on a chillé plusieurs heures dehors. Un gros coup de cœur pour moi, comme quoi je ne ressens plus du tout le besoin d’aller découvrir à tout prix un nouveau pays ou de nouveaux paysages, mais que je suis aussi en gros manque d’air, de soleil, de vert… de sud.

Je me suis pris une petite claque comme on s’en prend dès qu’on prend de l’âge, un peu. Celle où les souvenirs ne transitent pas par les images mais par les odeurs, par un flash… Je me suis revue à l’époque où on poussait les balades familiales un peu loin, dans les Basses Alpes, à l’époque où mon père était là (c’est à dire pas loin de Mathusalem à mon échelle personnelle) ou cette époque tendre et bizarre de mes classes vertes à quelques kilomètres de là.

Mulhouse

Après un week-end à Mulhouse l’été dernier, où on s’était régalés à découvrir la ville et surtout quelques musées (Cité du Train, Musée de l’impression sur étoffes et Musée du Papier Peint) on a décidé en avril dernier de… retourner aux mêmes endroits (oui on a vraiment aimé) mais en rajoutant la visite cette fois du Musée de l’Auto et de la collection Schlumpf. J’y étais allée étant gamine il y a trente ans et… bof on peut dire que la magie n’a pas repris. Une voiture reste une voiture, non? 😂

Mais bon, on s’est régalés quand même encore cette fois! Et le beau temps était avec nous.

Aller au boulot en vélo

En juin dernier, je me suis attaquée au challenge Au boulot à vélo! Ce défi, lancé par l’asso Cadr67, permet à tous les salariés ou entrepreneurs de s’affronter, gagnant des points pour chaque kilomètre parcouru en vélotaf. C’est la deuxième année où c’est ouvert aux micro-entrepreneurs (ex-autoentrepreneurs), l’occasion était bonne.

Il y avait également un jeu de piste avec des balises à retrouver dans toute la ville pendant deux semaines. J’en ai retrouvé 49 sur les 50, et cela m’a poussée à faire du vélo un peu partout et à découvrir plusieurs quartiers de la ville.

Alors déjà, je me suis juste énormément amusée mais j’ai eu la joie d’arriver 2e dans ma catégorie. Sans doute mon deuxième prix remporté à ce jour après une médaille pour un concours de piano en CM1 d’ailleurs. Pas de médaille remportée cette fois, mais un panier garni énorme qui a eu du mal à rentrer ssur le panier vélo!

Et au niveau pro?

Carte de vœux pour Royat

Fin 2022 j’ai été démarchée pour illustrer la carte de vœux de Royat, sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. La ville missionne chaque année un.e illustrateur.rice différent.e et après quelques artistes de talent, je suis touchée de prendre le relais pour les vœux de 2023 (d’autant que durant ma carrière pro j’ai réalisé finalement assez peu de cartes de vœux).

Le Tour de France s’arrêtant à Clermont cette année, le thème imposé tournait bien entendu autour du vélo – à côté des bâtiments emblématiques comme les thermes ou le pavillon Eugénie. Un peu de bike-washing pour une ville pas vraiment tournée vers les mobilités actives… certes, mais c’est un peu le problème récurrent pour bien des contrats dans la communication (et je suis déjà bien trop matrixée par les mouvements pro-vélo)

Illustrations pour Okapi

Mon dernier boulot pro en date: des illustrations culinaires pour le magazine Okapi. On m’a demandé un style qui me plait pas mal à faire (et assez rapide à réaliser), du crayonné avec de l’aquarelle. Cela m’a amusée et un peu touchée d’avoir mes dessins dans le magazine que je parcourais assidument étant petite ❤

Sur mes internets

Les newsletters

Absolument tout

« Un mercredi sur deux, trois trucs intéressants », voilà qui suscite l’intérêt. Dans cette newsletter bimensuelle on y trouve un bric-à-brac insolite, des chroniques sur la vie hors internet, un numéro sur le solarpunk ou les villes superposées, l’histoire de la création des déchetteries ou un article sur la cyber-agriculture. Bref, c’est foutraque comme j’aime.

Craig Mod

Craig Mod est un journaliste américain installé au Japon depuis une dizaine d’années. Après des années à écrire pour des journaux il s’est lancé dans l’aventure de la newsletter payante et de l’auto-édition, partageant tantôt ses articles, tantôt ses clichés.

Je survole généralement ses écrits, mais je reste fascinée par ses reportages photos, d’autant plus libres que Craig peut se permettre, grâce aux revenus générés par sa communauté de lecteurs, de choisir librement ses lieux de reportage. Cela donne une newsletter à hauteur d’humain, tournée sur les portraits de ce Japon rural un peu négligé et des artisans qui lui donnent vie.

Là où c’est intéressant c’est que Craig publie plusieurs newsletters, certaines mensuelles, d’autres hebdomadaires. En plus de son blog très nourri et de ses travaux auto-édités, le gus a franchi l’étape ultime du content creator: il est devenu un media à lui tout seul.

Photo: Craig Mod (logique)

Les podcasts

« Les fantômes de l’hystérie – Histoire d’une parole confisquée », France Culture

J’ai beau écouter ce que je peux au niveau féminisme (au sens très large, et pas forcément militant) et être une grande fan de l’émission LSD sur France Culture, je dois avouer que les podcasts un peu psychologisants comme ça, ça m’emmerde un peu.

“Traits hystériques… Posture de théâtralisme… forte demande de reconnaissance narcissique et phallique”, voici comment est décrite Emma, victime de violences conjugales, dans les expertises psychiatriques réclamées par la justice.

“Toutes des hystériques !” : la fabrique du silence, France Culture

Hé bien, cette série a été une bonne petite claque. Je conseille particulièrement les épisodes 1 et 3 qui portent sur les thèmes de l’errance médicale pour l’un (édifiant) et des violences sexuelles et conjugales pour l’autre (glaçant). Un point commun: depuis des siècles, dans bien des domaines, on a utilisé la folie pour interner, contraindre, menacer la femme qui parle trop, celle qui gêne, les femmes racisées. Un seul objectif: dominer, de manière silencieuse et incidieuse. A écouter, pour les hommes comme pour les femmes bien sûr.

Ce que je lis

PS: J’ai commencé à rédiger cet article de blog au printemps dernier… je mets donc ici des lectures du début d’année, je partagerai les plus récentes dans un prochain article de blog.

Au nom de Dieu, Jon Krakauer

Je m’étais laissée interpellée par le pitch de la série HBO ???, tirée du livre-reportage de Jon Krakauer, l’auteur de Into the wild. Ca évoquait une enquête-choc sur une secte sanguinaire, de celles qui s’épanouissent dans les terres profondément reculées des États-Unis. Une secte sanguinaire? Diable.

Alors je vous spoile l’intrigue rapidement car il ne s’agit ici que de la religion mormone, ou plus précisément des religions mormones – car ce mouvement a la particularité de se scinder très facilement en de multiples micro-sectes et autant de prophètes auto-déclarés et de règles rétrogrades.

Ce livre-enquête, partant d’un fait divers sanglant, a le mérite de faire un tour assez conséquent de la religion mormonne, de ses origines à sa version tentaculaire actuelle. Et vous verrez que c’est la deuxième partie qui est bien la plus effrayante.

Une histoire de feu et de sang, le Moyen-Âge de Game of Thrones (F.Besson – J.Breton)

Ce livre, co-écrit par une spécialiste de la littérature fantasy et un historien du Moyen-Age, s’attaque à dépiauter la célèbre série de HBO sous l’angle du médiévalisme (c’est-à-dire le ou les Moyen-Âges de fiction).

Si vous aimez ces deux thèmes comme moi, vous allez sans doute apprendre pas mal de trucs, même si pour moi, ce fut assez limité, j’ai tellement poncé le sujet (je pense avoir lu tous les articles qui comparent les techniques d’attaque des Dothrakis et celles des armées des Lannister). A faire lire sans doute plutôt aux fans de la série suffisamment piqués d’Histoire pour suivre l’analyse des deux experts.

Quand l’écologie politique s’affiche

Attention on parle ici d’affiches sur l’écologie politique et pas directement d’écologie. On y trouve donc plutôt des posters de Greenpeace ou des Verts, ou de divers partis de gauche. Graphiquement la partie la plus intéressante tourne autour des combats écolos des années 70, des plaines du Larzac aux premières marées noires bretonnes.

J’avais emprunté ce livre à la médiathèque par hasard (un petit défi personnel: emprunter et parcourir tous les livres évoquant l’art de l’affiche histoire de me faire une petite culture à partager sur le blog d’Hello Clermont): une lecture sympathique pour les amoureux de graphisme, assurément.

Le cadavre anglais (J-F.Parot)

J’avais lu un ou deux tomes des aventures du Nicolas Le FLoch – après avoir suivi mollement une ou deux adaptations télévisuelles sur France 2 que tout le monde connait. Je sais que mon amour pour la moindre adaptation historique me perd régulièrement mais ce dernier avatar d’enquête historique au temps de Louis XVI m’a perdue. Ca name-drop du nom de personnalité du 18e siècle, ça balance du vocabulaire et du phrasé de l’époque de manière peu digeste, ça se gargarise beaucoup – à la dixième scène où les personnages se paluchaient pour savoir comment accomoder le canard dans une auberge de Ménilmontant j’ai lâché l’affaire.

Le mot du jour: Frühjahremüdigkeit

Si on décomposait ce mot allemand jusqu’au bout cela donnerait le joli terme de « fatigue du début de l’année », mais on traduirait cela plutôt par « fatigue du printemps », qui est un terme tout aussi drôle et étonnant. Fatigué au printemps? Quelle drôle d’idée! Et pourtant les Allemands souffrent du Frühjahrmüdigkeit à chaque nouvelle année.

En linguistique on se retrouve face à cette question façon « qui de l’œuf ou de la poule »: est-ce qu’on souffre du mal du printemps parce qu’il y a un mot pour ça, ou est-ce que, parce que les Allemands sont particulièrement sensibles à ce changement de saison, ils ont inventé un terme spécifique?

Quand je vivais à Toulon j’aurais bien été en mal de décrire précisément l’entrée dans le printemps ou l’automne par exemple: les changements de saison sont subtils, guère marqués par le feuillages des arbres là où les oliviers ou les pins ne se déparent pas de leur feuillage perpétuel (ces changements de saison existent, mais selon moi avec d’autres marqueurs. Pour moi l’automne c’était par exemple la première bourrasque de mistral en septembre, et les premières nuits à dormir sans ventilo dans la chambre. Le printemps c’était plutôt les premiers chants d’alouette.)

Pour ma part je redécouvre les saisons au fil de mes installations successives en Auvergne et en Alsace. A Clermont je découvrais l’automne et ses couleurs rougeoyantes, à Strasbourg je redécouvre l’hiver gris et terne et la flambée du printemps (la ville est si bien pourvue en espaces verts que cela me semble plus flagrant qu’auparavant). En avril, le moindre rayon de soleil me redonne une énergie nouvelle; autant dire qu’en Provence avec la constance de son taux d’ensoleillement et ses massifs de pins d’Alep constamment verts, le cycle de la nature rythme bien différemment l’année.